L'expansion de l'islam aux VII et VIIIème siècle

L'Empire byzantin

Les dynasties romaines

(400 - 850)

Carte générale : les principaux thèmes au cours du VIIème siècle

L'empire byzantin devint l'héritier de l'empire romain à la chute de ce dernier en 476. Il garda des lois et des usages romains mais sa culture et sa langue étaient surtout grecques.

Justinien reconquit une partie de l'empire vers 530 et Maurice réussit à maintenir la situation face aux Perses  jusque vers 603. Sous Héraclius, l'empire s'affranchit définitivement de l'influence romaine pour la grecque : l'empereur portera maintenant le titre royal grec de "Basileus".

Sous la pression des Perses à l'Est et des Slaves à l'ouest, Héraclius réorganise l'empire en  régions militaires, les "thèmes" dirigés par des "stratèges" dont la Cappadoce fut un des plus importants. En instituant le système des "stratiotes" (paysan-soldat détenant une terre assortie d'une charge militaire transmissible), il constituera une armée qui sera la base de la puissance militaire de l'empire byzantin jusqu'au XIème siècle. Ces "thèmes" étaient basés sur une armée existante affectée à une région plutôt que sur le région elle-même. Leur contour était donc flou mais l'importance du stratège très importante. 

Les Perses furent vaincus en 625 et les provinces reconquises. Mais, épuisé par ces luttes incessantes, l'empire peinera à résister au nouvel envahisseur arabe qui en 636 bat son armée à Yarmouk. Vers 750, Byzance décourage par sa résistance l'envahisseur arabe. Mais pendant plus d'un siècle, la Cappadoce restera en proie à des raids arabes incessants. C'est à cette époque que les villes souterraines furent développées afin de mettre la population, les troupeaux et les récoltes à l'abri. 

La vie en Cappadoce au Haut Moyen Age

D'un siècle à l'autre, elle fut difficile à très difficile. Déjà sous les Perses, elle supportait des impôts importants. Et cette région, de par sa position frontalière entre Byzance, les Perses Sassanides puis les Arabes, eut à subir des pillages récurrents. Mais sa richesse essentiellement agricole à certaines époques a excité la convoitise de ses voisins.

La campagne tient une place essentielle dans l'économie byzantine. En effet, elle fournit la nourriture des hommes, par le système des "stratiotes" elle constitue une armée permanente et fidèle car liée à la terre et enfin elle procure aux dirigeants des villes leur richesse par l'impôt levé sur la production.

En Cappadoce, cette agriculture était rendue plus difficile d'une part par le climat, très rude en hiver et très chaud en été (altitude supérieure à 1000m) et par une exploitation très poussée au cours des siècles qui a fini par épuiser les sols et anéantir les forêts. La fertilité de ce sol volcanique a favorisé pendant longtemps un peuplement intense qui se réduira surtout à partir de 650 avec les razzias arabes.

L'exploitation  était surtout familiale au sein d'un village organisé. Cependant la surexploitation des sols oblige le paysan à se tourner également vers l'élevage. Mais la pâture étant sauvage, les troupeaux contribuèrent à épuiser les sols sans apporter la fumure nécessaire pour enrichir les parcelles cultivées. Au centre de la Cappadoce, la parade fut trouvée par la production de fiente de pigeon, engrais concentré, qui compensa cet appauvrissement de la terre. La production de ce "guano" fut une telle réussite que la Cappadoce en fit un produit d'exportation dans tous le Moyen-Orient. Les pigeonniers qu'on peut encore voir en nombre autour d'Uchisar illustrent bien cette 'industrie" locale.

Les perturbations dues aux attaques des Perses puis des arabes jusque vers 850 sont sans doute la cause du peu de vestiges de cette période et du développement des kales (gros rochers transformés en forteresses (Uchisar, Ortahisar) et des villes souterraines. La migration importante de chrétiens chassés par les arabes de Palestine, de Mésopotamie et de Syrie au VIIème siècle va grossir la population chrétienne. Les églises qui subsistent de cette période sont :

V-VIème siècle : à Zelve : Vaftici, Balik et Uzumlu Kilise, l'église de Pasabag, le cône de St Siméon (à Pasabag) et à Ilhara, l'église sous l'arbre et le monastère de Selime.

VII-VIIIème siècle : à Cemil (Keslik) : Hagios Stephanos et le monastère d'Archangelos, à Mustafapacha : Aios Vasilios et dans la vallée de Kizilsukur : Uzumlu Kilise.

D'autres églises ont dû être bâties ou creusées à cette période mais celles qui ont été construites n'ont pas résisté au temps et celles qui ont été creusées ont pour beaucoup été transformées et repeintes au cours des siècles ce qui ne nous permet plus d'en retrouver l'origine. Les périodes iconoclastes peuvent également être la cause de remaniements importants. En effet, en 730, Leon III interdit les icônes. Cette interdiction dura jusqu'en 787 mais les consignes furent diversement suivies car beaucoup de moines aimaient les icônes. Les conflits entre iconoclastes et iconodoules (ceux qui les aimaient) ont fait disparaître de nombreuses peintures dans les églises. Les décorations iconoclastes sont principalement à bases de croix et de dessins géométriques de couleur rouge.